Vous souhaitez sortir des sentiers battus lors d’une escale à la voile dans la Caraïbe ? Saint-Eustache est la destination qu’il vous faut ! Une île oubliée des grands circuits touristiques, une nature sauvage, des vestiges historiques superbes et des sites de plongée remarquables.
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Que les navigateurs viennent du nord ou du sud de l’arc antillais, ils se détournent le plus souvent de cette île hollandaise également appelée Statia, située entre Saba et Saint-Kitts. Son terminal pétrolier installé sur la côte nord-ouest est en effet peu avenant et il est fréquent d’y croiser des tankers aux dimensions impressionnantes.
Pourtant, à quelques encablures au sud se trouve une vaste baie abritée des vents, surplombée par le pittoresque bourg d’Oranjestad. Pour s’y rendre, il faut emprunter la route des esclaves, une montée plutôt raide qui débouche sur le fort Oranje, entièrement édifié en pierres volcaniques. Menacé par l’effondrement de la falaise qu’il domine, le fort a été rénové en 2019 et l’érosion stabilisée grâce à 2800 ancres, 7400 m2 de toile géotextile et 16 000 m2 de grillage. Si le fort vaut le détour et offre une vue spectaculaire sur la baie, les petites rues du bourg vous transportent dans un trésor de vieilles bâtisses en pierres parées de volets colorés. Tout ici est propre, bien entretenu et déambuler dans ces ruelles pavées invite à redécouvrir le passé tumultueux de l’île.
Grandeur et décadence du Golden Rock
Sur la période de 1630 à 1713, Statia a changé de mains pas moins de 22 fois entre les Français, les Anglais et les Hollandais. En 1713, les Juifs hollandais, qui érigèrent durant de longues années le Fort Oranje, en obtiennent finalement la possession par le traité d’Utrecht. L’île connait alors une période de grande richesse faisant d’elle la plus prospère des Caraïbes grâce à son port franc. Dès 1756, il attire des navires du monde entier et on y échange sucre, armes, fournitures pour les plantations des îles alentour et malheureusement de nombreux esclaves, le tout sans aucune taxe. Dénommée alors le Golden Rock en référence à la richesse de ses habitants, l’île accueille jusqu’à 200 navires en même temps dans les années 1770 et plus de 20 000 marchands et planteurs s’y installent. Véritable plaque tournante du commerce, l’île fournit en armes les treize colonies qui formeront les futurs Etat-Unis d’Amérique au moment de leur indépendance. En 1776, Statia est ainsi la première puissance à reconnaitre officiellement ce nouveau pays en accueillant le navire USS Andrew Doria recherché par les Britanniques. Mais les représailles anglaises furent violentes et en 1781, l’amiral Rodney se vengea en pillant totalement l’île. Bien vite, Statia entame alors un rapide déclin accentué par l’abolition de l’esclavage décrétée par la Hollande en 1821 et la baisse du commerce de sucre de canne peu à peu supplanté, en Europe, par la culture de betteraves. Statia se vide alors de ses habitants, l’époque du Golden Rock s’achève et il faudra attendre l’installation du terminal pétrolier en 1982 pour assister à une certaine reprise de l’activité économique.
Pourquoi un tel terminal pétrolier au cœur de la Caraïbe ?
Plusieurs raisons ont justifié l’installation de cet immense terminal pétrolier sur Statia. Tout d’abord, l’île se situe à équidistance de l’Amérique du Sud, productrice de pétrole, et de l’Amérique du Nord, grande importatrice de l’or noir. Par ailleurs, peu de ports en eaux profondes existent dans le bassin caribéen et Statia se trouve localisée pile dans l’axe des routes maritimes. Dès lors, l’île volcanique aux parois tombant verticalement dans la mer se révèle stratégique. La Nustar Energy, compagnie pétrolière américaine, y installe en 1982 un terminal pétrolier doté de 67 réservoirs de stockage. L’équivalent de 13 millions de barils y sont ainsi entreposés avant d’être ventilés dans tout l’arc caribéen. Ce terminal est aujourd’hui le premier pourvoyeur d’emplois de l’île.
Malgré cela (ou à cause), Statia n’est jamais parvenue à retrouver son rayonnement passé et l’île compte désormais à peine 3000 habitants. Elle n’attire plus qu’un tourisme de niche, plaisanciers adeptes des mouillages déserts, amateurs de plongée sous-marine en quête des nombreuses épaves coulées dans la baie et randonneurs motivés par l’ascension du Quill, le volcan endormi de l’île.
Mariane Aimar
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