L’association Temana o te moana, basée à Moorea en Polynésie Française, agit pour la conservation des tortues marines depuis 17 ans. Près de 600 tortues ont été accueillies dans le centre depuis sa création et plus de 120 000 enfants ont été sensibilisés à leur préservation. Aujourd’hui, plus que jamais, les actions continuent.
Le Centre de Soins de Moorea, autorisé par arrêté Ministériel de la Direction de l’environnement en Polynésie française est niché dans un écrin de verdure au cœur de l’hôtel Intercontinental. Si l’hôtel n’a pas réouvert après la longue crise sanitaire qui a particulièrement affecté l’industrie touristique en Polynésie, le centre est toujours présent, plus actif que jamais. « Nous avons conservé nos infrastructures, salle de soins, bureau, espaces pédagogiques, mais nous ne bénéficions plus du flux naturel des visiteurs hébergés ou pas à l’hôtel », explique Vie Stabile, Directrice Administration, Éducation et Pédagogie de l’association. Le travail continue donc, pour cette association qui vit grâce aux subventions, dons, mais également à l’aide des visites du centre dont les touristes sont friands. Aujourd’hui, les visiteurs viennent de partout avec deux rendez-vous hebdomadaires programmés, les mercredis et samedis matin. En parallèle, les établissements scolaires et les centres de vacances pour enfants sont toujours accueillis sur le site et l’association leur propose des programmes variés. Des animations pédagogiques sur la préservation du milieu marin sont ainsi organisées régulièrement ainsi que la découverte des pensionnaires du centre de soins. L’occasion pour les enfants d’approcher ces reptiles marins blessés ou en convalescence et d’apprendre à mieux les connaître.
« La difficulté d'un centre de soins est de soigner les tortues sans créer de dépendance vis-à-vis de l’homme »
Des tortues marines aux petits soins
Chaque année, des dizaines de tortues marines malades, blessées, mutilées ou affaiblies arrivent au centre Te mana o te moana. Recueillis par la population locale, les clubs des plongée ou saisis par les autorités, ces animaux fragiles sont pris en charge par la vétérinaire de l’association. Après un petit passage dans la salle de soins où le Dr Cécile Gaspar, vétérinaire et fondatrice de l’association accompagnée de son équipe posent le diagnostic, les tortues sont soignées et parfois opérées. C’est alors un long travail qui débute, entre les soins quotidiens, les administrations de médicaments et la lente rééducation des tortues. Après une opération ou une mutilation, les tortues doivent en effet réapprendre à s’alimenter et parfois, tout simplement, à nager, ce qui n’est pas évident avec une nageoire en moins. « L’autre difficulté est de soigner ces tortues sans créer de dépendance vis-à-vis de l’homme », rajoute Vie Stabile. « Nous devons bien sûr les nourrir, mais sans qu’elles perdent l’habitude de chasser, de s’alimenter par elles-mêmes. Car notre objectif est bien sûr de les relâcher dès qu’elles seront guéries ». En 2021, ce sont ainsi pas moins de 9 tortues qui ont été remises en mer par Te mana o te moana.
Eduquer et ouvrir les yeux des enfants sur la mer
Si la préservation des tortues marines est au cœur des objectifs de l’association, son champ de compétences va bien au-delà. Ainsi, elle s’emploie tout au long de l’année à créer des supports pédagogiques et à développer de nouveaux projets éducatifs adaptés aux programmes des établissements scolaires. Des guides et brochures voient ainsi le jour périodiquement comme « Hei moana, les sentinelles de l’océan » un livret pédagogique pour petits et grands dans lequel chacun peut y découvrir mille une information sur les récifs coralliens, les mammifères marins et les tortues marines observés dans les eaux polynésiennes. Tout en apprenant également les règles à respecter pour ne pas détruire les écosystèmes et espèces emblématiques. Car l’association s’emploie également à mettre en place des programmes de sciences participatives et à créer et animer des réseaux de collecte de données alliant science nature et culture. Enfin, dans le domaine de la conservation, l’association conduit de suivis de sites de pontes des tortues vertes sur l’atoll de Tetiaroa et sur l’île de Moorea. Pour ce faire, elle forme des bénévoles qui, en période de ponte, iront repérer et protéger les nids jusqu’à la période d’émergence des juvéniles. Quand des centaines de jeunes tortues sortiront de leur nid, les bénévoles seront à nouveau à pied d’œuvre afin d’analyser le taux de succès des éclosions. Des données précieuses qui permettent de mieux connaître l’état des populations des tortues marines polynésiennes.
Mariane Aimar
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