Quelle étrangeté que le corail ! « Caye » ou « Patacho » en créole, le corail s’apprivoise doucement pour le non initié. S’il se présente sous la forme minérale, c’est en fait un organisme marin bien plus complexe.
Les coraux sont des animaux marins aux formes variées.
De gauche à droite : corail corne de cerf (Acropora cervicornis), polypes de grand corail étoilé (Montastrea cavernosa), corail étoilé à bosses (Orbidella faveolata).
Jugez-en plutôt : le corail abrite des milliers de petits animaux, les polypes, qui construisent chaque jour leur propre squelette calcaire. Mais ce n’est pas tout. Il héberge également une algue microscopique qui a toute sa place dans une partie de Scrabble : la zooxanthelle. C’est elle qui lui donne sa couleur et qui le nourrit en sucre. Ces trois compères vivent en symbiose, c’est-à-dire qu’ils ont besoin les uns des autres pour subsister.
Des formes contrastées
Branchu, digité, spatulé, colonnaire, foliacé, massif, cerveau… Les coraux durs, les principaux bâtisseurs du récif, offrent des formes variées qui se déclinent à l’infini. C’est leur diversité qui dessine les incroyables paysages sous-marins que vous allez découvrir. Faisant preuve d’une adaptabilité à toute épreuve, ces coraux vont adopter, au sein d’un même groupe génétique, des apparences différentes. Tout sera fonction pour ces animaux marins extraordinaires de la disponibilité en nourriture, des prédateurs, du courant, de la profondeur et de l’ensoleillement.
De gauche à droite : Corail de feu (Millepora alcicornis),
corail cierge (Dendrogyra cylindrus), polypes de corne de cerf (Acropora cervicornis).
Des bâtisseurs centenaires
Les coraux sont des constructeurs du récif. Ils ont ainsi pris leur temps pour structurer ces barrières qui protègent les iles des houles cycloniques et des tsunamis. Déjà au IIIe siècle av. J.-C. Aristote évoque cette plante pétrifiée… qui grandit. Il faut attendre ensuite le 1er siècle apr. J.-C. pour qu’on le qualifie d’animal au motif qu’il répond au toucher !
Une reproduction originale
Les coraux ont deux modes de reproduction principaux. Le premier est dit asexué. Sous l’effet des vagues, les coraux se brisent et les morceaux déposés plus loin par la houle arrivent parfois à se fixer dans une anfractuosité et à entamer leur croissance. Cette reproduction asexuée fonctionne un peu comme celle d’une plante que l’on aurait bouturée. Seul inconvénient, cette fragmentation naturelle ne crée que des clones. Les jeunes coraux sont alors identiques génétiquement et ne pourront donner la vie. Mais les coraux se reproduisent également par voie sexuée en expulsant des œufs lors des pontes massives annuelles.
L'heure de la ponte a sonné, les larves pointent le bout de leur nez au cœur des polypes
avant d'être expulsées dans le milieu marin.
Redonner vie aux récifs endommagés
La ponte des coraux est un évènement rare qui se produit uniquement quelques nuits par an après les pleines lunes d’aout et de septembre. Un spectacle émouvant pour les scientifiques qui rivalisent d’ingéniosité, à cette occasion, pour capturer cette précieuse semence, qu’ils tenteront alors d’élever puis de transplanter sur les récifs dégradés. Des actions qui viennent en complément des dizaines de pépinières de coraux qui ont fleuri ces dernières années dans les iles. On y cultive des milliers de boutures qui, après quelques mois, seront réimplantées sur des sites abîmés. Car l’urgence écologique est là : en 20 ans, 85 % des espèces coralliennes des Antilles ont disparu. Avec comme principales causes la surpêche, les pollutions terrestres et bien sûr le dérèglement climatique.
Ainsi, lors de vos randonnées palmées, profitez avec bienveillance de ce milieu fragile qui vous accueille et appréciez-le à sa juste valeur. C’est un privilège qui pourrait bien être aboli dans les prochaines années.
Article paru dans le Guide du Snorkeling Guadeloupe et Martinique 2022.
Disponible en grandes surfaces, librairies, Fnac et sur le site : https://lacompagniedesediteurs.com/
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