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  • Photo du rédacteurCORAIBES BLOG

Quand les coraux baissent les bras

Après 8 semaines de canicule marine, les coraux de la Caraïbe ont baissé les bras. Cette surchauffe anormale des eaux a eu raison des plus forts, ceux qui avaient résisté aux épizooties, aux cyclones, aux rejets des stations d'épuration, à la surpêche, aux pollutions agricoles. Ils ont subi un épisode de blanchissement sans précédent et sur certains sites 95% d'entre eux sont touchés. Survivront ils ?

Trente ans de Guadeloupe, trente ans de snorkeling, de plongée, de suivis de l'état de santé de nos récifs coralliens et 10 ans de programmes de restauration écologique. Mais samedi, en sortant de l'eau, je n'avais que mes yeux pour pleurer. En Guadeloupe, le site de l'ilet Gosier que nous suivons depuis 2013 n'est plus qu'un cimetière. Des coraux entièrement blancs, certains déjà pris d'assaut par des algues qui termineront de les achever. Des poissons désorientés, affamés et privés d'abri. De nouveaux réfugiés climatiques. Et aux quatre coins de l'île, les remontées d'information sont les mêmes. Sous l'eau, tout est blanc. Aucune espèce n'est épargnée. Les 32 degrés de l'eau de mer qui durent depuis fin juillet ont dévasté nos cornes d'élan, les déjà trop rares cornes de cerf, les coraux cerveaux, les coraux étoilés et jusqu'au coraux de feu, pourtant particulièrement résistants jusqu'à présent. Car la Guadeloupe a déjà connu des épisodes de blanchissement* corallien par le passé, en 1998, 2005 et 2015, mais jamais, jamais, ils n'avaient atteint une telle intensité sur une telle durée. 2023 est hors norme et elle pourrait bien signer la fin de partie pour les 15% de coraux qui vivaient encore dans nos eaux.


Quelles conséquences pour nos îles ?

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En Guadeloupe, l'ilet Caret est le symbole de l'érosion littorale qui menace tout le territoire (photo de 2016).

Encore méconnus du grand public et des institutions locales, nos récifs coralliens jouent pourtant un rôle majeur dans notre écosystème insulaire. Avec leur extinction, car il s'agit bien de cela, nos îles vont subir des bouleversements rapides et douloureux. A l'image de l'ilet Caret qui a fondu en 10 ans comme neige au soleil et qui est désormais fermé au public dans une tentative désespérée de régénération, les autres îlets vont disparaitre à leur tour à brève échéance. Submergés par les vagues et la houle que la barrière récifale ne contient plus. Car c'était le rôle premier des récifs coralliens : freiner l'énergie des vagues et amoindrir leurs effets sur le littoral. Aujourd'hui, du nord au sud de la Guadeloupe, les coraux baissent les bras et s'éteignent. Puis se tassent. Nos îles vont se réveiller vulnérables, soumises à la montée des eaux au premier cyclone, à la plus insignifiante houle de nord. Quant à la filière pêche, quel avenir possible quand l'habitat et le lieu d'alimentation des poissons ont disparu ? Et nos bourgs, tous en bord de mer, nos routes, nos écoles ? Que deviendront ils quand l'érosion littorale se sera accélérée de manière exponentielle. Car la mort des coraux ne marque que le début de ce bouleversement. Les effets en cascade seront radicaux, hors cadre et nous ne sommes pas prêts.


Des cris d'alarme jamais entendus

Depuis 15 ans, les scientifiques et les restaurateurs coralliens tirent la sonnette d'alarme sur l'urgence à agir. Nous en faisons partie. Au sein de l'Aquarium de la Guadeloupe et de l'association IGREC Mer, nous avons lancé en 2007 les premiers programmes de restauration des coraux. Installé la première pépinière sous-marine de culture de coraux. Transplanté des jeunes coraux sur des sites dégradés. Expérimenté l'élevage de larves de coraux en laboratoire pour espérer un jour réensemencer la mer. Nous avons alerté les décideurs, rédigé des études, des tribunes, envoyé en vain des mails alarmants. Mais toujours, nous nous sommes heurtés au mieux à l'indifférence générale, au pire à des critiques, des règlementations absurdes. Nous avons rempli des formulaires administratifs innombrables, des demandes de dérogation chronophages alors que les coraux agonisaient sous nos yeux.

Nous avons crié l'urgence écologique, appelé à une action immédiate et rapide. L'océan a brûlé mais tout le monde regardait ailleurs. Il était urgent d'attendre.

Aujourd'hui, les chances de survie des espèces coralliennes sont quasiment anéanties par la faute de l'inaction humaine. Seule solution : constituer une arche de Noé. Extraire de l'eau quelques spécimens encore vivants et les conserver bien à l'abri des dérèglements dans des aquariums publics, privés, dans les laboratoires des universités. Cette année, les scientifiques de Floride ont tenté cette opération de la dernière chance. Mais dans les Antilles Françaises, en France, qui osera enfin réagir, s'impliquer comme si notre vie en dépendait ?

Mariane Aimar


* Le blanchissement corallien apparaît quand l'eau de mer dépasse 29° durant trois à quatre semaines. Les zooxanthelles, des algues microscopiques qui vivent en symbiose avec les coraux sont expulsées par leurs hôtes. Privés des sucres et nutriments apportés par les algues, les coraux blanchissent puis meurent. Sans les zooxanthelles, la plupart des coraux ramifiés meurent au bout de 10 jours. Les espèces massives peuvent survivre quelques semaines. Mais si l'eau reste chaude trop longtemps, ils n'ont aucune chance de survivre.


Visionnez notre film sur le blanchissement corallien - Guadeloupe - Septembre 2023


 

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