À Saint-Barthélemy, des chèvres redevenues sauvages ont proliféré ces dernières années et c’est tout un pan de la biodiversité locale qui est menacé. Pour enrayer ce phénomène, l’association Island Nature Experiences mène des opérations de régulation pour le compte de l’ATE*. Avec comme objectif final, la mise en place d’une filière de production de viande locale.
À Saint-Barth, les premiers colons ont rapidement importé des chèvres pour assurer leur approvisionnement en viande. Les habitants élevaient alors ces caprins dans de petits enclos et les abattaient en fonction de leurs besoins. Mais le développement du tourisme haut de gamme a bouleversé les habitudes et les habitants de l’île se sont tournés vers d’autres sources de revenus, plus rentables. Peu à peu, les éleveurs ont relâché leurs chèvres, puis le cyclone Irma de 2017 a fait le reste, détruisant de nombreux enclos et redonnant aux caprins leur liberté. « En 2016, une étude révèle que 3 000 à 5 000 chèvres sont livrées à elles-mêmes sur l’île. Or, ce sont de redoutables prédatrices pour la flore locale », indique Tom Farago, chef de projet pour Island Nature Experiences (INE).
Grâce à une reproduction rapide, deux portées par an avec deux à quatre nouveau-nés à chaque fois, les chèvres sont rapidement devenues un problème pour la biodiversité locale. « Non seulement, elles entraînent une diminution des espèces locales mais en plus, elles détruisent les habitats des autres animaux. En mettant la terre à nu, elles provoquent des éboulements et des ravinements qui participent à l’eutrophisation du milieu marin », souligne Tom Farago, ingénieur agronome de formation.
Des opérations de capture nécessaires
Pour enrayer le phénomène, l’association s’emploie à mettre en œuvre des opérations de capture à l’aide de filets. Les lieux et horaires de passage des chèvres sont d’abord repérés puis l’équipe d’INE déploie ses filets pour capturer les caprins. Ils sont ensuite remis à des éleveurs ou conservés par l’association, qui dispose depuis 2022 d’un enclos. « Nous travaillons actuellement sur la mise au point d’une filière de production laitière, et sur la création d’un conteneur dédié à l’abattage des chèvres », annonce Tom Farago.
À terme, dans le cadre d’un projet plus global financé par l’ATE, l’OFB et l’Union européenne, c’est toute une filière de production de viande et de lait qui verra le jour. Le tout dans le respect des normes européennes avec, à la clé, la création de deux à quatre emplois dans l’abattoir. La viande sera alors commercialisée auprès du grand public, mais aussi des restaurants et hôtels de l’île. Enfin, la dernière phase du projet sera consacrée au reboisement des zones dévastées par les chèvres et de nombreux acteurs de l’île seront impliqués. Écoles et hôtels participeront alors aux opérations de replantation à partir des plants cultivés dans la pépinière de Island Nature Experiences.
Une association active à terre mais également en mer
L’association est en charge de l’installation de récifs artificiels grâce au procédé Biorock qui apporte aux coraux une croissance plus rapide. INE participe aussi à des suivis naturalistes pour l’ATE et réalise des animations dans les écoles de l’île.
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Article paru dans le magazine Outre mer Grandeur Nature
Mariane Aimar
*Agence territoriale de l’environnement de Saint-Barthélemy.
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