Le corail corne de cerf, également connu sous le nom d'Acropora cervicornis, était autrefois une espèce emblématique des écosystèmes marins des Antilles. Aujourd'hui, seules quelques colonies survivent envers et contre tout et leur avenir paraît bien incertain.
L'Acropora cervicornis est une espèce de corail ramifié appartenant à la famille des Acroporidae. Son apparence unique, avec des branches en forme de bois de cerf, lui a valu le surnom de corail corne de cerf. Autrefois abondante dans les eaux peu profondes des Caraïbes, cette espèce bioconstructrice jouait un rôle crucial en fournissant un habitat vital à une grande variété de poissons, d'invertébrés et d'autres espèces marines.
Un déclin dramatique
Mais pourquoi cette espèce disparait elle de nos eaux aussi rapidement ? En fait, ce déclin est le résultat de plusieurs facteurs interconnectés.
Le blanchissement des coraux : Les températures de l'eau en hausse dues au changement climatique entraînent le blanchissement des coraux, un phénomène où les coraux expulsent leurs zooxanthelles symbiotiques en réponse au stress thermique. Sans zooxanthelles, les coraux perdent leur principale source de nourriture et de couleur, ce qui peut entraîner leur mort.
Les maladies coralliennes : le corail corne de cerf est particulièrement vulnérable aux maladies infectieuses qui touchent les coraux. Les épidémies peuvent rapidement décimer les populations de coraux, affaiblissant leur résilience face à d'autres stress environnementaux.
La surpêche : la surpêche de certaines espèces de poissons qui se nourrissent d'algues nuisibles aux coraux peut déséquilibrer l'écosystème du récif corallien et entraîner une détérioration des coraux, y compris de l'Acropora cervicornis.
La pollution : la pollution marine causée par les activités humaines, telles que le rejet des stations d'épuration et de déchets plastiques dans l'océan, peut nuire à la santé des coraux et affaiblir leur résistance aux maladies et aux changements environnementaux.
Quelles conséquences pour l'écosystème marin ?
Le déclin de l'Acropora cervicornis a des répercussions profondes sur l'écosystème marin des Caraïbes. En tant que constructeur de récifs, cette espèce offrait un habitat complexe et abritait une grande variété de poissons et d'invertébrés. Sans lui, la biodiversité marine diminue, perturbant les chaînes alimentaires et déséquilibrant l'écosystème.
De plus, les récifs coralliens, dont dépendent de nombreuses espèces de poissons pour leur reproduction et leur alimentation, sont essentiels à l'économie locale des Caraïbes grâce à la pêche, au tourisme et à la protection des côtes contre l'érosion. La perte de du corail corne de cerf menace ces activités économiques vitales pour les communautés locales.
Des fermes coralliennes pour redonner vie aux récifs
Pour inverser ce déclin, des scientifiques, des organisations environnementales et des communautés locales mettent en place depuis une quinzaine d'années des programmes de restauration du corail Acropora cervicornis. Ces programmes s'appuient sur des techniques novatrices telles que la culture en pépinières sous-marines et la transplantation de jeunes boutures sur des sites dégradés. Les coraux sont ainsi cultivés dans des pépinières, où ils se développent durant plusieurs fois sous la surveillance de scientifiques et bénévoles . Une fois suffisamment robustes, ils sont soigneusement transplantés dans des zones de récifs endommagés.
Relancer la biodiversité marine
Ces initiatives de restauration corallienne ne se contentent pas de remédier à la disparition des coraux, elles visent également à régénérer les écosystèmes marins dans leur ensemble. En favorisant le retour du corail corne de cerf, elles créent un environnement propice à la prolifération d'autres espèces marines, contribuant ainsi à la stabilité et à la résilience des récifs coralliens face aux défis environnementaux.
Un avenir encore incertain
Alors que le changement climatique continue de menacer les récifs coralliens, les programmes de restauration des coraux démontrent la capacité de l'homme à inverser les dégâts causés à ces écosystèmes précieux. Cependant, il est essentiel que ces efforts soient accompagnés d'une sensibilisation accrue à la préservation des récifs et de mesures plus larges pour réduire les émissions de carbone et protéger les océans. Car on le voit bien en cette année 2023 qui s'annonce d'ores et déjà comme la plus chaude de l'histoire, des bouleversements sont en cours sur terre comme sous l'eau. Et de nombreuses colonies de ces fragiles coraux risquent encore disparaître du fond des mers.
Mariane Aimar
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