La Guadeloupe regorge de zones humides riches de nombreuses espèces végétales et animales. Des lieux méconnus, stupéfiants et menacés.
Se promener dans la mangrove c'est découvrir un univers quelque peu mystérieux peuplé d'oiseaux qui s'apostrophent d'un palétuvier à un autre. Mais de plus en plus, les arbres du bord de mer, principalement les palétuviers rouges et noirs, subissent de plein fouet l'érosion littorale. En témoignent ces quelques clichés pris à la Pointe de la Verdure, au Gosier, un site particulièrement grignoté par la mer.
Ici de nombreux arbres ont été déracinés par les vagues, d'autres basculent tout simplement dans la mer et la ligne de côte ne cesse de reculer.
Comment arrêter le processus ?
Il n'existe pas véritablement de programme de redynamisation de la mangrove en Guadeloupe, elle bénéficie tout au plus d'une protection. Pour la préserver et lutter contre l'érosion littorale, ce sont avant tout nos récifs coralliens qu'il faudrait protéger et restaurer. Car ce sont bien eux qui constituent la première barrière naturelle face aux vagues et houles cycloniques. Détruits à plus de 85%, ils se tassent peu à peu et ne jouent plus leur rôle protecteur. Du coup, les mangroves en pâtissent et se font grignoter à leur tour année après année.
A ce jour, la Guadeloupe manque d'une véritable stratégie de protection et de redynamisation de ses écosystèmes marins. Sans doute parce que de l'extérieur, tout parait normal. La mer est toujours bleue mais, dessous, elle vit une extinction massive de ses espèces. Le tout dans une indifférence générale qui fait froid dans le dos pour l'avenir.
En savoir plus sur la mangrove
La mangrove est un écosystème d’importance majeure, assurant de nombreux services écosystémiques. En effet, elle constitue une barrière physique contre la houle, capable d’absorber jusqu’à 75% de l’énergie des vagues, protégeant ainsi les côtes des houles cycloniques. Elle freine aussi l’érosion littorale et représente un excellent puit de carbone grâce à la photosynthèse des arbres qui y poussent en captant le CO2. De plus, elle joue le rôle de zone tampon entre les milieux terrestres et marins, grâce aux nombreuses racines des palétuviers qui filtrent l’eau venant des terres vers la mer, à la manière d’une véritable station d’épuration. Enfin, cet écosystème abrite une biodiversité faunistique exceptionnelle. Il sert notamment de nurserie pour de nombreux alevins de poissons (pagres, tarpons…) et de milieu de vie pour diverses espèces de mollusques (moules, huîtres de palétuviers…), de crustacés (crabes, crevettes, balanes…), d’éponges, d’oiseaux (Pic de la Guadeloupe, parulines…) mais aussi de petits mammifères (rats, mangoustes, ratons laveurs…).
Mais les mangroves jouent également le rôle d’une usine de filtration. En effet, les racines des palétuviers filtrent l’eau provenant de la terre et offrent ainsi aux lagons et herbiers une eau de qualité nécessaire à la croissance des coraux. Ces 3 écosystèmes vivent ainsi en interdépendance.
Des arbres qui poussent les pieds dans l'eau
Les palétuviers sont des arbres ou arbustes qui se développent en bordure de mer dans les régions tropicales. Situés dans la zone de balancement des marées, les palétuviers sont adaptés à l’inondation des sols et la forte salinité. Ils constituent ainsi de véritables forêts amphibies que l’on appelle les mangroves.
M.A
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