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Ile de la réunion : Une agriculture en pleine mutation

Photo du rédacteur: CORAIBES BLOGCORAIBES BLOG

À la Réunion comme dans toutes les régions d’outre-mer, les agriculteurs doivent faire face aux conséquences du dérèglement climatique et adapter leurs techniques de culture. Olivier Fontaine, secrétaire général de la chambre d’agriculture, évoque avec nous les enjeux climatiques de son territoire.


Cet article est paru dans Outre Mer Grandeur Nature.

OMGN : Le changement climatique a-t-il déjà des répercussions sur l’agriculture ?

Olivier Fontaine : Depuis 3 ou 4 ans, nous observons réellement les effets du dérèglement climatique avec une météo de plus en plus aléatoire. Les cyclones sont plus intenses, imprévisibles et nous alternons entre des périodes de fortes sècheresses et de pluies diluviennes. Cette année, les cours d’eau et les nappes phréatiques sont au plus bas ce qui nous conduit à réfléchir à de nouvelles stratégies pour l’avenir de l’agriculture.

OMGN : Avez-vous déjà des pistes dans ce domaine ?

Olivier Fontaine : Oui, le monde agricole va devoir s’adapter en maîtrisant mieux la ressource aquacole. Envisager des réseaux d’irrigation, des retenues d’eau, des systèmes de goutte-à-goutte, mais aussi une véritable lutte contre le gaspillage. Les pratiques vont devoir évoluer en ce sens et d’ailleurs, certains financements privilégient d’ores et déjà ces méthodes dans la sélection des projets.



OMGN : Quel est votre regard sur les normes environnementales actuelles ?

Olivier Fontaine : Elles sont de plus en plus contraignantes et compliquent chaque année davantage le travail des agriculteurs. Pourtant, ils ont fait ces 20 dernières années de nombreux progrès et s’attachent à développer les bonnes pratiques. Sur l’île, de nouvelles méthodes de culture sont apparues, de l’agro-écologie en passant par l’agriculture biologique ou le couvert végétal. La recherche scientifique avance, mais le transfert vers le monde agricole prend du temps et c’est bien normal. Car c’est tout un système qui doit évoluer tout en faisant face à une concurrence déloyale.

OMGN : D’autant que l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur a été conclu. Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Olivier Fontaine : Cet accord nous inquiète bien évidemment, car les producteurs du Mercosur ne sont pas soumis aux mêmes contraintes environnementales que nous. Ici, nous devons appliquer la règlementation européenne, la règlementation française, souvent encore plus contraignante et faire face aux excès de zèle de l’administration locale. Tout cela va trop loin pour un secteur qui, aujourd’hui, doit en plus affronter un climat déréglé.



OMGN : Dans ce contexte, comment voyez-vous l’avenir de la profession ?

Olivier Fontaine : Il n’y a pas de crise de la vocation dans notre région et c’est une chance. Les futurs agriculteurs disposent d’un cursus de formation adapté aux techniques de demain et ils sont nombreux chaque année à vouloir s’installer. Mais les surfaces agricoles manquent et le problème foncier est réel. D’autant plus que l’implantation d’un jeune agriculteur coûte cher et que les outils financiers sont complexes, durs et longs à obtenir. Pourtant, il est crucial que ces jeunes puissent prendre la relève, car 53% des agriculteurs actuels ont plus de 53 ans. La chambre d’agriculture s’emploie à rechercher des solutions et à mieux accompagner ces jeunes professionnels pour assurer la pérennité de l’agriculture réunionnaise.

OMGN : L’avenir est-il dans le développement de la filière biologique de la canne à sucre ?

Olivier Fontaine : Il pourrait en faire partie et une étude de faisabilité a été réalisée en ce sens. Mais l’industrie sucrière implique des structures importantes et il faudrait 25 à 30 000 t de canne biologique chaque année pour rentabiliser une usine. C’est pourquoi nous réfléchissons à développer de plus petites unités, plus adaptées au contexte et au territoire local. Une chose est sûre, 30 agriculteurs expérimentent déjà la culture de la canne biologique et, d’ici deux ans, nous aurons plus de visibilité sur cette filière. Mais là encore, nous devrons affronter la concurrence de grands pays producteurs comme le Brésil ou le Panama qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes environnementales que nous.

Mariane Aimar

Article paru dans l'emag Outre Mer Grandeur Nature


Le 26ème numéro d'Outre Mer Grandeur Nature vient de paraître.

 

 



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