L’apnée connait ces dernières années un succès croissant et attire de plus en plus de passionnés. Certains pour la chasse sous-marine, d’autres pour le simple plaisir de s’immerger dans les fonds marins. A Pointe Noire, en Guadeloupe, le club Anbadlola, propose des stages et nous sommes allés tester pour vous !
Dans son club situé sur la plage anse caraïbe, Antoine Maestracci, Instructeur National et fondateur de la première école d’apnée en Guadeloupe a développé un concept qui séduit à longueur d’années les aficionados de l’apnée. Ses stages font le plein chaque semaine et touchent un public varié. Les chasseurs sous-marins qui ont appris l’apnée sur le tas, mais souhaitent améliorer leur technique, les curieux qui veulent juste pouvoir descendre de quelques mètres lors d’une randonnée sous-marine, les inquiets qui cherchent à maîtriser leur peur de l’eau. Ces petits groupes sont accueillis le samedi ou le dimanche pour une première session de découverte. Après les présentations, c’est bien sûr dans la mer que tout se joue. Dans un mètre d’eau, en combinaison et avec un masque, Antoine et Paul, son stagiaire-moniteur, nous invitent à prendre à une grande inspiration et à réaliser la plus longue apnée possible. J’avoue, ce n’est pas terrible pour la plupart d’entre nous. Nous nous situons entre 1 et 2 minutes d’apnée statique. Pas mal, mais peut mieux faire.
Des conseils qui font vite progresser
Retour alors au club Anbadlola où Antoine Maestracci en vient au cœur du sujet. Ou plutôt des sujets car il y en a plusieurs à aborder. « Pour faire une belle apnée, il faut être relâché », nous indique l’ancien Capitaine de l’Équipe de France médaillée d’Or à Bari. « C’est pour les paresseux, pas pour les sportifs chevronnés ». Antoine nous invite alors à fermer les yeux, à nous détendre, à relâcher notre cou, à respirer profondément. Il nous apprend aussi à recréer en nous le réflexe d’immersion, présent chez tous les mammifères, un réflexe qui optimise la respiration afin de rester sous l'eau pendant un certain temps. Il mêle avec brio et humour les techniques respiratoires proches du yoga, la sophrologie, la fameuse bulle de lumière dans laquelle il faut se projeter avant une immersion… Le temps s’arrête et la matinée passe à toute vitesse. Avant de repartir à l’eau, Antoine Maestracci insiste longuement sur la sécurité. Car l’apnée reste une activité à risque et les noyades y sont fréquentes. « Vous ne devez jamais plonger seul, quelle que soit l’activité. Lors d’une partie de chasse sous-marine, l’idéal est de n’avoir qu’un seul fusil pour deux. Pendant que l’un descend, l’autre reste en surface et le surveille. Et il est à ses côtés à la fin de la remontée pour vérifier que tout va bien » souligne notre enseignant avec un grand sérieux. Car la plupart des accidents surviennent à la fin de la remontée, voire le plus souvent en surface. Quand le cerveau est privé d’oxygène et qu’il n’en a plus assez, il se met sur pause et l’apnéiste tombe alors en syncope. Et quelques minutes plus tard, lorsque le taux de CO2 a trop fortement augmenté, le cerveau déclenche une reprise respiratoire. Si elle se fait sous l’eau, elle est bien sûr fatale.
Des performances pour tous
Après ces conseils de sécurité, Antoine nous reconduit à l’eau. Toujours au bord, nous avons pied et comprenons que la descente vers le grand bleu ne sera pas pour aujourd’hui. Non, là, il est l’heure d’appliquer les conseils de la matinée. Décontraction, détente, mise en route du réflexe d’immersion, respirations, quelques conseils de visualisation pour mieux aborder ce défi qui consiste à se priver de respirer, puis top départ ! Nous sommes 8, d’horizons très différents et nous nous allongeons simplement en surface, le regard vers le sable. Totalement détendus, bercés par le mouvement du ressac, les reflets du soleil sur le sable... C’est bien moins difficile que la première fois, le temps semble s’être arrêté. Au bout d’un moment, l’envie de respirer est là, mais les techniques de relaxation et de visualisation enseignées par Antoine font leur effet. Quand enfin, je n’en peux plus, car ce moment arrive forcément, j’ai fait plus de deux minutes ! Mais autour de moi, certains sont encore en apnée et y resteront au-delà de 4 minutes ! Et pas les plus aguerris, croyez moi ! Leçon du jour, le mental est plus important que les qualités physiques ou la taille des poumons.
Seconde session, 20 mètres sur l’épave du Franjack
Le samedi suivant, retour à Pointe Noire pour la seconde phase du stage. Aujourd’hui, c’est en mer que cela se passe et Antoine et Paul nous emmènent au-dessus de l’épave du Franjack qui git par 20 m de fond. Des filins sont fixés au fond et reliés en surface à des radeaux orange. Après quelques révisions sur les techniques respiratoires et la préparation de notre mental, nous commençons par de petites apnées pour vérifier si les oreilles passent bien. Car avant d’aller rejoindre le Franjack, qui est l’objectif affiché du jour, notre moniteur tient à s’assurer que nos oreilles sont capables d’encaisser la pression subie lors de toute immersion. Il nous donne bien sûr de précieux conseils et techniques qui aideront la plupart des participants. Puis, avant de descendre plus profondément le long du filin qui nous guide, Antoine nous apprend à remonter d’une apnée. Nous descendons alors sur quelques mètres avec l’objectif de nous laisser remonter sous l’effet de notre volume pulmonaire sans utiliser les palmes. Comme de gros ballons qui cherchent à percer la surface, nous remontons dans des positions très diverses avec un grand plaisir qui démystifie l’angoisse d’une remontée en manque d’oxygène.
Enfin, Antoine nous invite à descendre plus loin, à explorer nos capacités. Toujours un plongeur en surface, un autre qui descend et nous enchaînons ainsi plusieurs apnées. Dans ce qui devient vite un jeu, le plaisir est là, chacun attend impatiemment son tour pour y retourner et en fin de matinée, toute l’équipe (sauf une malheureuse dont les oreilles n’ont pas voulu suivre) ont atteint le Franjack ! Une magnifique expérience qui donne envie de continuer, de progresser, pour explorer encore plus les fonds marins en toute sécurité !
A savoir : Anbadlola Guadeloupe-Plongée, est une structure labellisée Esprit Parc, la marque des Parcs Nationaux de France. Elle récompense les activités natures inscrites dans le développement touristique durable et garantit l’authenticité et la qualité du service.
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