Caroline Guezille est écrivain et vit depuis plusieurs années sur un voilier en Guadeloupe. Un beau jour, elle décide d’embarquer comme canotière pour la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM). Et pour sa première sortie, le 24 juin 2018, elle vit un vrai baptême du feu …
« Ma formation de secouriste en mer à peine en poche, je suis appelée avec mes collègues un soir à 19h. Un sauvetage qui s’annonce simple, un voilier de 37 pieds avec quatre personnes à bord qui, au retour des Saintes, s’est fait drosser sur la caye du Gros-Loup.
Mais sur place, c’est impressionnant, la mer est déchainée avec des creux de près de 3 mètres, le vent bien établi et il fait nuit noire. Le bateau échoué est balloté par les vagues, notre vedette peine à s’en approcher. Le plongeur de l’équipe parvient malgré tout à rallier le navire en détresse, puis tout s’enchaine très vite. Une déferlante nous surprend sur le pont de la navette et manque de nous passer par-dessus bord. Nous sommes projetés aux quatre coins du bateau, choqués par la violence de la vague mais indemnes. Les vagues sont tellement fortes que notre bateau talonne le fond malgré les quatre mètres annoncés au sondeur. Dans cette mer en furie, nous constatons très vite que le remorquage du bateau ou l’évacuation de l’équipage sont impossibles. A 20h30, le Dragon 971 de la Sécurité Civile est aussitôt dépêché sur place. A 21h38, l’équipage est hélitreuillé et rapatrié à l'aéroport du Raizet. A 21h58, le plongeur de la SNSM et celui de la Gendarmerie sont hélitreuillés à leur tour. Quelques minutes plus tard, le voilier se disloque, le mât se brise en trois et la coque en deux… Pour ce premier sauvetage, j’ai eu très peur sur le coup et j’ai été remuée pendant un moment. C’était une entrée en matière impressionnante. Mais en même temps, j’ai attrapé le virus de ces opérations délicates. Et avec le recul, je suis fière de ce sauvetage. Et fière d’être canotière pour la SNSM, de me sentir utile au quotidien pour tous ces bateaux et équipages. Sans nous, que deviendraient-ils ?».
Mariane Aimar-Godoc
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