Chaque année, nos îles affrontent des ouragans synonymes de vents destructeurs et de pluies torrentielles. Durant ces quelques heures où la nature se déchaine, que deviennent les animaux ? Quelles sont leurs stratégies de survie ?
Qu’ils soient domestiques ou sauvages, les animaux peuvent capter les changements de leur environnement grâce à des sens plus développés que nous. Ainsi, à l’approche d’un phénomène majeur, ils sont nombreux à se montrer nerveux, peureux ou agités. Certains oiseaux iront dès lors se cacher dans les rochers ou au plus profond d’un tronc d’arbre. Les abeilles, souvent, se réfugient dans leurs ruches dont elles ne sortiront plus. Les chauves-souris, au contraire, chasseront jusqu’aux premières gouttes de pluie, avides d’une nourriture dont elles savent qu’elles seront privées durant plusieurs jours.
Et pendant le passage du cyclone ?
Quand soufflent les vents à plus de 250 km/h qui balaient nos côtes et nos maisons, où sont donc tous ces animaux sauvages ? Réfugiés au cœur des forêts pour les oiseaux terrestres, au milieu des mangroves, pour les espèces marines. Éloignés autant que faire se peut des vagues et lames destructrices. Durant des heures, ils feront le dos rond, tentant de survivre dans cette nature déchainée. Mais d’autres oiseaux, comme les fous bruns, peuvent croiser un cyclone en pleine mer lors d’une traversée d’île en île. D’après les scientifiques du Centre d’Études Biologiques de Chizé, ils seraient capables d’anticiper la trajectoire du cyclone et, tout en restant au niveau de la mer, de le contourner. Les frégates superbes, qui font partie des plus grands oiseaux marins du monde, sont capables, quant à elles, de voler en jouant sur les ascendances thermiques. Ainsi, elles montent à haute altitude, puis évitent l’œil du cyclone.
Mais revenons sur terre et intéressons-nous un instant aux iguanes qui font partie du paysage des îles. Il est ainsi fréquent qu’ils soient arrachés des arbres sur lesquels ils sont repliés, réalisant une chute souvent mortelle. Mais certains sont également projetés en mer où, dans certaines conditions, ils sont capables de nager plusieurs jours. Vous n’y croyez pas ? Pourtant, une semaine après le cyclone Marilyn de 1995, certains iguanes endémiques des Saintes ont été observés, fatigués, mais bien vivants, à Antigua et Barbuda !
Après l’ouragan, la difficile quête de nourriture
Les animaux qui ont survécu à un cyclone sont ensuite confrontés à de nombreuses problématiques. La première est la perte de leur habitat et de leur protection contre les prédateurs. Mais surtout, ils vont devoir faire face à une véritable pénurie alimentaire. Les végétaux ayant été balayés par les vents, ils ne trouveront plus ni graines ni insectes durant plusieurs semaines. Les plus menacés sont ainsi les nectarivores tels les colibris ou les sucriers à ventre jaune. Les granivores (moqueurs, grives), également confrontés à l’absence de nourriture, pourront voir leurs colonies chuter drastiquement durant la période post-cyclone.
Cependant, chez certaines espèces, des stratégies de survie originales ont été observées par les naturalistes caribéens. Ainsi, après le cyclone David de 1979 qui a particulièrement frappé la Martinique et la Dominique, la Guadeloupe a vu débarquer des centaines de pigeons à col rouge. Affamés et épuisés, ces ramiers des Antilles ont pris l’option de traverser les canaux pour trouver refuge sur des terres où la nourriture n’avait pas disparu… Sixième sens ou stratégie de survie, l’histoire ne le dit pas, mais ces pigeons ont bel et bien traversé la mer pour fuir leur terre dévastée.
Article à retrouver dans le magazine Arc en Ciel N°97.
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